Eat it (or leave it) Par CheriBibi, le 4 octobre 2013

« Celui qui ne veut agir et parler qu’avec justesse finit par ne rien faire du tout. » Friedrich Nietzsche.

Un verre de Brouilly en pogne et une part de tarte aux pommes maison dans le bide, il me vient des réflexions vachement profondes.
Du genre par exemple tout à fait au hasard : si qu’on pouvait prévoir l’avenir, aurait-on autant envie de l’inventer ?

Là je vois mon compère Blades, la bouche pleine d’un délicieux sauté de poulet à la pékinoise, s’inquiéter que j’va encore divaguer voire insulter l’humanité planquée derrière son PC… T’inquiètes coco, j’en profiterais pour annoncer les réjouissances à venir. Du lourd qui s’digère avec un ‘tit calva… vous allez voir. Faites confiance à bibi, la conduite sans visibilité ni permis c’est l’état d’ivresse assuré !
Oh, j’en ai entendu des soi-disant cadors déblatérer force projets et promesses à grands effets de manches et d’annonces. À les écouter, on était déjà au nirvana, à siroter un grand cru californien (y’en a des bons !) sous la véranda d’une cabane en bois au cœur de la forêt ; à bouffer du caviar à la louche dans un train reliant Moscou à Pékin ; à griller du poiscaille sur une plage pacifique et faire l’amour en bateau entre Kingston et Porto. Pis on aurait du boulot autant qu’on en voudrait ; j’écrirais des romans d’aventure pendant que tu préparerais ces délicieuses crêpes fourrées ; on aurait fait la révolution grâce au formulaire d’inscription à ton beau parti, suffisait juste de signer là en bas, aveuglément bien sûr.
Aussi con qu’un autre, j’y ai cru, faisant confiance aux belles paroles caressantes qui font guili-guili au tréfonds du désir. C’était d’autant plus beau que t’avais tellement l’air d’y croire aussi, tout sourire dans ton beau costume de responsable des ressources humaines. J’ai un peu émis des réserves voire protesté, mais par coutume. J’avais vachement envie de transformer cette imagination en réalité. Trop de galères à éponger, trop d’années à foncer sans savoir où aller… une carte postale de réussite sociale en guise de carotte.

Et puis le couperet est tombé (sans préavis sinon c’est pas drôle) : j’étais pas le bon candidat, tout ça c’était trop michto pour moi. Au cœur de ma cité il me fallait rester. L’espoir n’est pas une denrée pour banlieusard tricard.
Bien sûr j’ai bataillé, acharné, mais c’était râpé pour la carotte. La carte postale s’est envolée, papier froissé, déchiré, mâché.

Sauf qu’aujourd’hui, tandis que tu rames entre tes autres candidats, je bouffe du gâteau au chocolat ; je fini mes nuits agitées devant un faux-filet recouvert de sauce aux morilles qu’accompagnent délicatement de petites patates à la graisse de canard et un pichet de St Emilion ; je cherche du boulot devant une escalope de veau à la crème ; je participe à force actions éminemment politiques (c’est-à-dire relatives à la vie de la cité) se poursuivant autour d’un superbe plateau de frometon ; je ne lâche rien et encore moins un bon gueuleton ; j’ai plus trop de flouze mais un chouette saucisson, une bouteille de voluptueux rouge et la force de mes convictions.
Bien sûr, je n’ai pas trop bougé de ma banlieue et n’ai toujours pas chopé la faconde d’une agence de publicité pour gogos… mais je réalise ma part de projets en toute intégrité.
Bien sûr (bis), ton ChériBibi n’est pas en kiosques ni n’a les moyens de ces nouvelles revues pluridisciplinaires affichant leur hype consensuelle chez tous les libraires… mais ça fait 22 piges qu’il résiste, propose et tient ses promesses. Et, mine de rien, l’année prochaine ça fera 30 années écoulées depuis mon premier « canard de p’tit loubard ». J’avais 9 ans et du rêve plein les dents. Elles sont toujours là, même si on s’est souvent évertué à vouloir me les faire sauter. Elles sont toujours là et je m’en sert pour mastiquer une couche de rillettes-cornichons glissée dans un morcif de bricheton.
Pas assez bon pour tes fiches signalétiques peut-être ; pas assez bien sapé pour m’exhiber à ton bras en de futiles mondanités, mais sur le terrain encore et toujours. Et hors de question de manger moins bon faute de garniture « qui fait bien ».
Alors laisse tomber tes embrouilles de salon, tes mascarades et tes faux idéaux, j’suis pas salaud et y’aura toujours de la place à ma table.
D’ailleurs, comme dit plus tôt, on en tiens une bonne à la JIMI le 12 octobre dans not’ chère ville d’Ivry (9.4 en force !).
Pis du 24 au 27 octobre, on passe un film, du son et du bon temps à la seconde édition du merveilleux Bazzarock à Aubenas en Ardèche. Il fera beau et ça guinchera sévère en se remplissant les entrailles de super boustifaille (l’année dernière y’avait une daube de bœuf qui tue et un poulet basquaise du tonnerre!). On rentrera tout de même le lundi histoire de pas louper le glam-rock de Giuda à La Java de Belleville… Faut ce qu’il faut !
Pis le 15 novembre, on projette The Harder They Come au Hangar à Ivry, avec le Chéribibeat Sound-System et l’ex-Gladiators Clinton Fearon dans la place ! Que d’la tuerie garantie !
Pis p’t’être même qu’on finira l’année 2013 à l’aide d’une soirée dansante à Rome, ou ailleurs, on sait pas et on s’en fout, l’avenir est incertain, l’avenir nous appartient… l’avenir est entre nos mains !

Bon appétit !

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