« Le skin aide mais le bonehead nuit. » Proverbe populaire.
La remise en question est un lieu commun à l’approche de la quarantaine. Du moins il paraît. Bref, on serait en droit de se demander à quoi sert de toujours porter les mêmes Docs aux pieds plus de 20 piges après son premier passage sous la tondeuse (à main, aïe !). La vérité, toi-même tu sais, c’est qu’on s’en fout. De ce que t’en pense, de ce que j’en pense, et du fait même d’y penser. Rasé pour l’éternité. Et toi qui lis le ChériBibi le soir dans ton lit, une main sous la couette, t’as déjà tout pigé, même pas la peine d’en rajouter.
Pourtant, à force d’annoncer maintes choses michto de chez michto ici même (et nulle part ailleurs, encore moins sur les fesses de bouc), faut bien parfois témoigner, faire un retour, genre « Comment ça s’est passé au fait ? »
La réponse, évidente, fuse tel un missile en pleine crise cubaine : perfecto, as usual !
Résumons vite fait :
Du 18 au 21 avril, il s’agissait de survivre à un week-end à rallonge qui t’allonge vu qu’en ce qui me concerne, il a commencé sur les chapeaux de roue dès le vendredi soir… avec le set enflammé du 8°6 Crew à La Maroquinerie, Paris.
Le Crew a carburé as usual, avec notamment quelques nouveaux morcifs très prometteurs, devant une salle chaude comme la braise. Une bière plus tard, je loupe Los Tres Puntos pour descendre la rue de Menilmuche. Le temps d’avaler un kebab et me voilà à La Cantada derrière les platines pour une 3e Night Of The Living Vinyl chaudasse comme pas permis jusqu’à 4h30 du mat’ (les prochaines auront lieu les 16 mai et 20 juin, tu peux pas louper !).
On descend quelques verres supplémentaires en écoutant du raï dans un petit rade matinal de Belleville et, à 6h30 je bascule pour rejoindre ma piaule histoire d’échanger mes disques contre une brosse à dents, quelques liquettes et exemplaires du ChériBibi chéri. À 10h je suis dans le train, un peu la tête dans le cul et le cul coincé sur la banquette trois places d’un compartiment bondé.
Il est 17h quand j’atterri à Toulouse-Matabiau, avec à peine deux heures de sommeil recroquevillé dans les pattes. Je rejoins le camarluche Kiox dans sa casbah, on enfourche les vélos et on se retrouve au parc à taper le ping-pong avec ses mômes en vidant des bières. Rentrage pour se restaurer d’un bon poulet grillé, et il doit être 22h30 quand mes brogues me débarquent au bar Le Communard (Arnaud Bernard rules !) où c’est le temps des retrouvailles : super set reggae 60’s de Gus et Stephisteph dont je ne profiterais guère sur la piste de danse, trop occuper à tchatcher avec les aminches. Il est 3h30 quand je me page enfin, ayant hâte au lendemain.
Dimanche, c’est encore poulet accompagné de punch-vin rouge en guise de petit dèj’ chez les beaux-parents de Kiox à qui on laisse les gosses pour bosser peinard sur le bouquin en préparation retraçant l’épopée épique des bandits manceaux de Nuclear Device (dont Kiox fut fondateur et guitariste –on cherche toujours un éditeur, avis aux amateurs) avant de se rendre pas trop tard à La Dynamo, belle salle en danger de fermeture qui fait pourtant la gloire de la ville rose (même si vous êtes pas dans l’coin, signez la pétition pour éviter l’expulsion).
Quelques bières apéritives au son des skeuds de Mike et Mx (étonnement sobre) puis commencent les Mento Men ! Ah, c’est une belle découverte, bien que je connaissais déjà quelques uns de ces lascars en chemise à fleurs, et leur enchaînement de traditionnels caribéens (Zombie Jamboree, Shame & Scandal…) est diablement efficace, mais moins surprenant que leurs reprises ina mento/calypso style, dont un étonnant et fendard If The Kids Are United (de Sham 69 bien sûr, fait pas genre tu connais pas !). Plus tard, alors que je suggérait à Cyril le chanteur au banjo (mélange de Judge Dread et François-Hadji Lazaro) de faire tout un album de reprises mento/calypso des standards de oi!, il me glissa que c’était déjà en projet! Ô joie! Vivement d’entendre Evil ou Skinheads In Sta-prest revisités à la sauce caribéenne!
A peine le temps d’une bière et les Heavy Allstars aka The Steadytones from Germany (re)chauffent la salle avec des reprises maîtrisées (Better Must Come de Delroy Wilson notamment). Flo (le wunderbach batteur/chanteur, responsable du jouissif Judge Dread Memorial) a vraiment la voix d’Alex Minto Hugues –aka Judge Dread, cf le prochain n°9-, c’est impressionnant!!! Il me chantera d’ailleurs plus tard en backstages la superbe Belle Of Snodland pour mon plus grand plaisir!
Dans un tonnerre d’applaudissements, voici Keith (Richards) & Tex (Avery) qui démarrent direct avec un Tonight que j’aurais toutefois aimé qu’ils reprennent à la fin, un brin plus échauffés. Mais c’est du chipotage tant leur prestation, leurs voix, leur bonne humeur confinait au parfait bonheur… et quand ils ont fait, au rappel, Let Me Be The One, j’ai cru défaillir ! Le Kiox arrêtait pas de me dire à quel point il avait l’impression de se retrouver en 1983 dans la 404 des ND en partance pour la piscine d’Allonnes, leur K7 fétiche de rocksteady dans le tapis (D’ailleurs, ND reprenaient Tonight à leur début).
Super super super show, la high classe internationale, mille millions de merci aux camarluches organisateurs!!! On a terminé la soirée en tenant une table pleine de bière, de ChériBibi et de T-shirts du festoche sudiste Rock’n’Stock avant de partir at home refaire ce putain de monde jusqu’à 6h du mat’ (y’a du boulot) en écoutant… Mononc’Serge et Die Antwoord.
Lundi, un SMS me réveille à 11h30 : rendez-vous au resto à 12h30 avec Keith & Tex, les Steady Tones et quelques précieux lascars. Chedou, liquette propre, et me voilà devant un énorme sauté hawaïen végé à déconner dans un mélange d’anglais, de céfran et de chépaquoi. On a même eu les oeufs de Pâques!
Deux heures après, balade digestive et touristique dans la « pink city ». Place du Capitole, j’avise le petit train à touristes du coin. Ni une ni deux, je préviens les jamaïcains et hop, séance hilarante de photos avec un chauffeur qui comprend pas bien pourquoi ces deux là essayent d’empêcher son tchou-tchou de décoller!
On se pose finalement au bord de la Garonne pour une passionnante interview d’une bonne heure histoire de rajouter une couche de bonheur (à lire un de ces quatre où tu sais). Quelques bières en terrasse et, snif, il est 19h30 et c’est l’heure de se quitter. Un p’tit falafel et à 23h je suis au lit, heureux comme un loir (manquaient que tes caresses sur la tête).
Le lendemain mardi, on bossera à nouveau sur le bouquin prochain puis je prendrais mon train car le lendemain mercredi, y’a la bonne suée au concert de Jello Biafra à Ripa. Trop dure la vie!
Bon, dans la foulée, parlons de ce chaudard 1er mai où, une fois n’est pas coutume, j’ai zappé la traditionnelle manif (désolé Marine).
Donc festival organisé dans un super squat, le Soft, sis dans une super ville qui s’appelle Ivry (vraiment à découvrir !). Le Chéribibeat Sound est sur place derrière les platines dès 16h pour des sets -une heure et quelques avant le début des concerts puis 20mn environ entre chaque groupe- strictly reggae… and soul histoire de varier les plaisirs.
Era Of Fear débute les hostilités. Pas très attentif pour ma part, pas ma came -genre cold-wave/batcave et de plafond. Mais faut dire que ça l’fait dans le style.
Puis Inner Terrestrials (cf ChériBibi n°4), terrible as usual. Le batteur Paco ayant à nouveau des ennuis de santé, c’est un nantais qui le remplace et ça sue dans le pogo/skank !
Vice Squad, vétéran punk 80’s English, pas trop suivi, jamais été vraiment attentif/fan mais c’est efficace, le public est à donf et la chanteuse Becki Bondage très sympa… même si j’aurais préféré la rencontrer à l’époque.
Le groupe surprise en fut une sacré bonne : reformation de R.A.S, inactif depuis 1984 ! Grosse ambiance de ouf, le guitariste Takis au taquet, Rémi (second chanteur d’R.A.S puis des marseillais P38) assure grave et la foule se rue aux choeurs, dont Mourad de l’Infanterie Sauvage. L’ami Négade (ex-P38) est à la basse et, de la foule en délire, Nico (batteur du groupe parigot Maraboots) nous entonne par coeur Le Keupon et le Neuski en impro totale (cf la vidéo ci-dessous). Les doigts levés (le majeur) pour LVF et tout le monde sur scène car Mort Pour La France evidently (gros moment d’émotion pour mézigue qui ai pensé très fort à not’ poto Pierrot, décédé en 2003, qui aimait tant chanter cet hymne antipatriotique dans les rues de Ripa. RIP frangin). Au répertoire également Sektarism, Chasse à l’Homme, Mémoires d’un skin, Votez pour Moi, etc. Ils rejouent le 1er novembre avec Infa-Riot à Paname, avis aux amateurs (et il y en a !).
Cockney Rejects (cf ChériBibi N°1) pour slamer (le saut de la mort façon Bibi !) et arpenter la scène de long en large ina shadow boxing style ça le fait toujours, énorme (as usual again) pour qui n’a pas peur des coups de coude et de boule intempestifs.
Quand Jeff « Stinky » Turner, The Great Cockney Boxer, te recommande ChériBibi, tu peux pas test !
Youth Avoiders clot la résoi de manière efficace puis votre DJ préféré (si si) pousse les basses à fond seen ? Le tout jusqu’à 2 plombes du mat’, 9.4 rules OK?
Dans le public, du marseillais, du bordelais, Toulouse, Tours, Bretagnie, tout Paris, on se la refait quand vous voulez ! (en novembre à Ivry : Roy Ellis –cf ChériBibi n°8- + les vrai-faux Skatalites, avis aux toujours amateurs)
Tout ça pour dire que le fascisme ambiant a beau se reproduire, y’aura toujours des keupons & neuskis situationnistes pour créer l’événement dans les marges… qui tiennent les pages. On lâche rien sans pour autant marcher sur la gueule du voisin : ni vainqueurs ni vaincus !
Prochains rencards dès ce mardi 6 mai à la librairie Envie de Lire d’Ivry pour la sortie du 8e n° de la revue Z consacré aux luttes nées de l’immigration et oùske j’ai commis un article sur l’immigration (mot compte double) vue par le cinéma de science-fiction ! Ah, c’est pas dans Télérama que tu lirais ça !
Et comme dit précédemment, le jeudi 8 mai on projette Retour à la 36e Chambre, exciting kung-fu syndicaliste de Liu Chia Liang (cf l’ChériBibi n°3) au squat Le Dilengo d’Ivry, oui merci !
On t’rappelle aussi que les 9,10 et 11 mai, on représente grave ton ChériBibi d’amour au Salon du Livre Libertaire à l’Espace des Blancs-Manteaux de Paris. Même que dans la nuit du 9 au 10, le ChériBibeat Sound-System refait des siennes jusqu’à 6h du mat’ au Soft pour la suite de l’Unpleasant Meeting Fest’ qui verra jouer d’autres revenants, à savoir les keupons hooligans de Sherwood Pogo !
Comme dit précédemment, le vendredi 16 mai c’est sound-system allnighter à La Cantada et le jeudi 22 mai, venez mater Le Dernier Face-à-Face de Sergio Sollima, pur western avec Tomas Milian & Gian Maria Volonte, au Dilengo pour « les jeudis de ChériBibi ».
Pis si tu trouves qu’on en fait pas assez pour kiffer droit dans ses boots, accompagne-nous donc à Mainz (charmante bourgade dans l’Sud du cousin allemand) le 31 mai pour interviouzer le vétéran jamaïcain Hopeton Lewis… Take it easy !
Bref, si t’as toujours rien compris, t’avais qu’a être neuski… ou plus simplement (re)lire attentivement ta collec’ de ChériBibi !
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